Vous pensez vivre du harcèlement psychologique au travail ...

Par Guy Lacoursière, M.Ps.
   Psychologue du travail

Je suis un intervenant en matière de harcèlement psychologique en milieu organisationnel depuis des années. Dans l'exercice de ces fonctions, de nombreuses personnes sont venues me signaler qu'elles vivaient du harcèlement, soit pour avoir des conseils ou pour porter plainte. À la lumière de cette expérience, il y a certains constats que j'aimerai bien vous partager.

Il y a des gens qui agissent par vengeance, justifiée ou non, et qui demandent justice. Il y a des gens qui confondent le harcèlement avec des relations difficiles et accusent parfois à tort. Il y a des gens qui ne font rien alors qu'ils devraient agir, que ce soit pour faire valoir leur droit à un milieu sain ou pour faire cesser les abus que l'on exerce à leur endroit. Autant de situations qui ont une particularité commune, celle d'être pénible.

Certaines personnes brûlent les étapes en portant plainte alors qu'un signalement aurait suffi pour que l'employeur prenne les dispositions qui s'imposent. Les procédures légales demandent beaucoup d'énergie à ces gens, souvent aux dépens de la recherche d'une solution mutuellement satisfaisante. Plus on tarde à agir et plus il devient difficile d'envisager une solution autre que la plainte. À cet égard je vous recommande d'aller chercher l'avis d'un expert avant d'éliminer la possibilité d'une solution mutuellement satisfaisante avec votre employeur. Je ne parle pas ici du ou des harceleurs bien que ce soit également possible après une médiation, comme je l'ai observé.

Au Québec, une plainte doit être portée en dedans de deux ans du dernier incident. Si vous signalez la situation et que les conduites reprochées cessent, pourquoi vous importe-t-il de porter plainte dans ces délais alors que, dans l'éventualité que ça recommence, vous serez de nouveau dans les délais. Si toutefois la personne a subi des préjudices qui méritent réparation, si elle est malade, donc pas en présence du présumé harceleur ou si elle pense que c'est maintenant ou jamais, le propos n'est pas de vous inciter à vous priver de vos droits,

Cela ne veut pas dire de ne rien faire. Si vous vivez du harcèlement vous avez droit à retrouver un milieu sain. Brisez l'isolement et consultez des personnes qui peuvent vous aider à y voir plus clair et à faire ce qu'il faut pour résoudre le problème. Ne laissez pas perdurer la situation.

Vous devez développer une vision objective de la situation en vue de prendre des décisions éclairées sur ce que vous allez faire. Vous serez alors mieux en mesure de faire comprendre à qui de droit ce que vous vivez et ce que vous souhaitez pour que la situation change. Ce site vous propose des pistes de réflexion à cet égard. Lors des échanges que vous aurez avec la personne avec qui vous avez une relation pénible, considérez la possibilité de vous faire accompagner par un facilitateur ou médiateur si c'est possible.

Si la situation ne se règle pas, il deviendra alors pertinent de porter une plainte formelle pour assurer vos droits. Vous pourrez alors mieux démontrer la bonne volonté que vous aviez à trouver une solution et les constats d'échec qui vous amènent à porter plainte.

Avant toute chose il est important de bien vous informer. C'est ce que nous voulons vous aider à faire à partir de ce site. Si votre but est de retrouver un milieu sain, j'espère que mes conseils vous seront utiles. Si vous êtes davantage préoccupé d'obtenir justice, ne tardez pas à vous adresser à votre syndicat ou aux organismes publics pour vous faire accompagner.  Après vous être bien renseigné et avoir considéré le pour et le contre, vous serez en mesure de prendre la bonne décision.

Pour la victime, ce n'est pas juste et ce n'est pas évident de se retrouver pris dans un tel tourbillon. Il y a alors des efforts à consentir pour comprendre tout comme il faut parfois en investir pour changer les choses pour le mieux ou à tout le moins pour se donner une zone de confort dans les circonstances.

Page précédente  –  Conseils aux victimes

-